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Mai

31 mai



 


Pentecôte

Jn 7,37-39

 



Séquence de la messe de Pentecôte
Veni Sancte Spiritus

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateurs des dons,
viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos;
dans la fièvre, la fraîcheur;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle.
Amen.

Commentaire.
Le Veni Sancte Spiritus est la séquence de la messe de Pentecôte, composée par Paul Langton, archevêque de Cantorbery au XIe siècle. C'est une pièce de plain-chant en vers mesurés et rimés, qu'on appelle aussi prose parce qu'elle se chante aux messes solennelles, après l'alleluia.
Le poème est composé de cinq strophes de deux tercets chacune. La première et la troisième strophes appellent la venue de l'Esprit, et chacune et suivie d'une strophe qui l'explicite. La dernière strophe sert de conclusion en quelque sorte.

Strophe 1. Toute l'Eglise supplie instamment l'Esprit, comme en un cri, de venir: «Viens» est répété quatre fois.
Dans le premier tercet l'invocation s'adresse à l'Esprit Saint, en la fête de la Pentecôte. L'Esprit vient dans la célébration sacramentelle, mais nos cœurs doivent le recevoir, l'accueillir, s'ouvrir à ses bienfaits. D'où l'appel intense pour que son inhabitation en nous s'approfondisse.
Esprit Saint (Jn 14,26) est devenu le nom de la troisième personne de la Trinité. Saint Basile explique pourquoi ce nom lui est donné: «On le nomme Esprit, comme "Dieu est Esprit" (Jn 4,26) et "le Christ Seigneur est l'Esprit de notre face" (Lm 4,20). On le dit Saint, comme le Père est Saint et Saint le Fils. C'est d'ailleurs de lui, que la créature reçoit sa sanctification; l'Esprit, lui, possède la sainteté par plénitude de nature, aussi n'est-il pas sanctifié, mais sanctifiant.» Sanctifiant, il prépare les saints. Ainsi son nom veut dire: l'Esprit qui fait les saints.
Saint Augustin, quant à lui, donne deux raisons pour expliquer ce nom d'Esprit Saint. «L'Esprit Saint, parce qu'il est commun aux deux premières personnes, reçoit lui-même pour nom propre une appellation commune aux deux. Le Père en effet est Esprit, le Fils aussi est Esprit; le Père est saint, le Fils aussi est saint.» La seconde raison est liée à la signification des deux mots. «Dans le monde corporel, dit-il, le mot esprit paraît évoquer une sorte d'impulsion et de motion: en effet on donne ce nom au souffle et au vent. Or, le propre de l'amour est de mouvoir et pousser la volonté de l'aimant vers l'aimé. Quant à la sainteté, on l'attribue aux choses qui sont ordonnées à Dieu. Donc, parce qu'il y a une personne divine qui procède par mode d'amour, de l'amour dont Dieu est l'objet, c'est à bon droit qu'on l'appelle l'Esprit Saint.»
L'Eglise demande à l'Esprit Saint de venir en nos cœurs. Ce dernier mot se retrouve à la fin du deuxième tercet et forme une inclusion. Le cœur, c'est le lieu intime où se fait la rencontre avec l'Esprit qui y fait germer le salut. Comme l'a écrit Jean-Paul II dans son encyclique Dominum et vivificantem, «l'Esprit Saint, dans son lien mystérieux de divine communion avec le Rédempteur de l'homme, est celui qui assure la continuité de son œuvre: il reçoit ce qui est du Christ et le transmet à tous, il entre sans cesse dans l'histoire du monde en venant dans le cœur de l'homme.»
Dans le premier tercet, la divinité de l'Esprit est soulignée: il est en haut, dans le ciel, et de là il peut envoyer un rayon de sa lumière. Le ciel est un symbole qui dit le monde de Dieu, Dieu lui-même. Quant à la lumière, elle dit aussi la divinité: «Lumière est le Père, lumière le Fils, lumière l’Esprit Saint. [...] Les trois en effet sont une seule lumière, unique, non séparée» (Syméon). Grégoire de Nazianze a écrit de même, en parlant du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, qu'ils sont une «triple lumière, qui s’unit en une unique splendeur». L'Esprit Saint est Dieu et, pour nous faire participer à sa propre lumière, pour nous transfigurer, il envoie un rayon de sa lumière dans notre cœur. Parler d'un rayon fait penser à la lumière éclatante du soleil.
Dans le premier tercet, l'Eglise invoque l'Esprit en reconnaissant sa divinité, et dans le deuxième, elle le contemple comme la source de bienfaits à notre égard — ce qui restera le thème de toute la suite du poème —; il est appelé père des pauvres, dispensateur des dons, lumière de nos cœurs. C'est donc l'Esprit Saint pour nous, qui est invoqué maintenant et la supplication s'intensifie: les trois versets commencent par «Viens».
«Père des pauvres» désigne le Saint-Esprit comme bienfaiteur (Jb 29,16), et le vocable suivant le confirme: «dispensateur des dons». En criant à Dieu notre désir le plus profond, nous lui demandons de faire ce qu'il nous a promis: nous combler de ses dons. Cette prière creuse notre désir, élargit sa capacité et le purifie. C'est aux pauvres que le Saint-Esprit communique ses dons: il faut être vidé de tout ce qui nous éloigne de Dieu, pour pouvoir recevoir les dons qu'il veut déverser en nous. Comme le dit saint Augustin: «Par le Don, qui est le Saint-Esprit, une multitude de dons sont distribués en propre aux membres du Christ.» Il s'agit ici des dons en général.
«Lumière de nos cœurs» est lui aussi un titre qui renvoie à l'immanence. L'Esprit, lumière transcendante, est aussi une lumière immanente. Le premier tercet en effet demandait au Saint-Esprit d'envoyer sa lumière divine du haut du ciel, ce qui évoquait la transcendance de l'Esprit, maintenant le poète regarde cette lumière comme nous illuminant à l'intérieur de nous-mêmes. Saint Basile explique ce qu'il advient du cœur touché par la lumière de l'Esprit: «De même que des corps transparents scintillent lorsqu'un rayon de lumière tombe sur eux, devenant lumineux et irradiant eux-mêmes d'un nouvel éclat, de même les âmes pneumatophores, illuminées par l'Esprit Saint, deviennent elles-mêmes spirituelles, déversant la grâce sur autrui.»

Strophe 2. Le premier tercet regroupe trois noms donnés à l'Esprit qui, comme ceux du tercet précédent, indiquent sa bienveillance pour les hommes: il est consolateur, hôte de nos âmes, fraîcheur. Le deuxième tercet de la strophe s'attarde sur un domaine où s'exerce sa bonté, les épreuves de la vie: la fatigue du corps ou de l'esprit, la chaleur du jour, les pleurs de la tentation ou du désespoir. Il y apporte repos, fraîcheur, réconfort.
De même que le prophète Isaïe annonçait la consolation pour le peuple d'Israël exilé (cf. Is 40,1), l'Esprit encourage les fidèles à tenir bon des les épreuves, il est présent en eux pour les soutenir, hôte au seuil de l'intériorité de tout homme.

Strophe 3 et 4. Alors que les deux premières strophes ont un lien entre elles, les deux suivantes forment un tout: un autre aspect de l'action de l'Esprit en nous y est mis en lumière.
C'est un «Viens», un nouvel appel de l'Eglise pour la venue de l'Esprit, qui donne sa force au premier tercet de la troisième strophe. Ce «Viens» s'adresse à nouveau — comme dans la première strophe — à l'Esprit lumière, plus précisément à la «lumière bienheureuse», la lumière divine qui remplit nos cœurs; elle est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. L'action divine de cette lumière est ici purificatrice. Le péché, le mal, sont présents au plus profond du cœur de l'homme et seul l'Esprit Saint peut les dévoiler. Il fait la vérité au fond de la conscience de chacun. Sans cette action de l'Esprit, point de conversion possible.
Le poète semble avoir une vision très pessimiste de la nature humaine: sans l'Esprit, «il n'est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti»; mais une lecture attentive du deuxième tercet, montre que «perverti» ne doit pas s'entendre de la nature humaine en tant que telle, mais se rapporte à ce qui est dans l'homme; cet adjectif renvoie donc à la concupiscence, à la nature blessée inclinée au mal.
Mais le don de la rédemption est inséparable du don de la vérité de la conscience. En effet, si l'Esprit dévoile la profondeur du mal qui est au fond de nos cœurs, c'est pour apporter le salut. Il lave ce qui est souillé en actualisant sans cesse la grâce du baptême, il baigne ce qui est aride en faisant germer, grâce à sa rosée, les semences de bien présentes dans nos cœurs; il guérit ce qui est blessé en actualisant en nous l'action du Christ médecin venu pour nous rendre la santé (salus), pour guérir nos blessures. Les blessures dont il est question ici sont les blessures du cœur; elles sont d’ordre spirituel. Le péché laisse en nous des blessures.
Le tercet suivant continue à énumérer l'action bienfaisante et régénératrice de l'Esprit. Il assouplis ce qui est raide, ce qui rappelle la nuque raide du peuple d'Israël qui a désobéi au Seigneur dans le désert (Ex 32,9; 33,5). Il réchauffe ce qui est froid: il fait brûler du feu de la charité la foi sans ardeur. Il rend droit ce qui est faussé, en remettant sur le chemin des commandements de Dieu celui qui s'en écarte, en assurant la rectitude des actes humains.

Strophe 5. Après avoir demandé les dons nécessaires pour faire face aux épreuves de la vie, puis ceux qui nous mettent sur le chemin de la conversion, l'Eglise demande maintenant les dons proprement spirituels pour ceux qui ont la foi, une foi faite de confiance dans l'Esprit, Esprit du Père et du Fils, Esprit Saint, Esprit Don. Cette prière est en elle-même une confession de foi. L'Eglise supplie donc maintenant non seulement pour des dons variés adaptés aux diverses circonstances de la vie, mais pour recevoir «les sept dons du Saint-Esprit que sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David (cf. Is 11,1-2). Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines» (CEC 1831).
Après avoir demandé dans les troisième et quatrième strophes la régénération de ce que le mal avait abîmé en nous, l'Eglise demande dans le dernier tercet de la séquence, de faire croître en nous le bien et de le conduire à son achèvement. Le mérite et la vertu, qui nous conduisent à la gloire, sont fondamentalement un don de Dieu auquel nous coopérons; le salut final n'est autre que la plénitude de la vie avec Dieu après notre mort, c'est l'entrée dans la communion trinitaire à laquelle le Père nous a «prédestinés» de toute éternité. Ce salut nous apportera une joie éternelle, la joie du ciel qui est comme l’éternelle récompense de Dieu pour les bonnes œuvres accomplies avec la grâce du Christ (cf. CEC 1821).

 

En conclusion, on peut dire que la prière du Veni Sancte Spiritus est une prière à l'Esprit Saint comme lumière: lumière divine, lumière de nos cœurs, lumière active dans nos cœurs. C'est l'action de l'Esprit en nous qui en est le thème central, développé selon plusieurs harmoniques.

28 mai

La face cachée de la vie des moniales (suite)

Une vie dans le silence

Une moniale dominicaine a une vocation au silence dans un Ordre voué à la prédication. Elle est appelée à communiquer avec Dieu et avec tous en Dieu, dans le silence.
Pour réaliser sa vocation, elle se retire du monde. Ce retrait est caractérisé par la clôture et le silence. Être retirée du monde, c’est n’être occupée que du Royaume de Dieu. Plus qu’un départ loin des hommes, il s’agit de fuir ce qui détourne de la seule occupation du Royaume. Le détachement du monde n’est pas une originalité des moniales ; il est essentiel à toute vie chrétienne, comme le rappelle saint Paul : « Que ceux qui usent de ce monde soient comme n’en usant pas ; car elle passe la figure de ce monde » (1 Co 7,26-31).
La vie cachée permet le loisir, le repos ; elle permet de s’asseoir comme Marie aux pieds de Jésus, de s’associer, par la foi, au mystère du Christ ressuscité. Elle inclut pour cela tout un programme de renoncement au monde et de recherche de Dieu. Pourquoi mener une vie cachée, loin de la vie publique ? Pour trouver la vraie patrie, celle du ciel. La vie cachée annonce le bonheur qui est promis à tout homme : vivre du Christ.
La vie monastique, en effet, a toujours été considérée comme une anticipation de la vie céleste : elle est un commencement réel de la vie éternelle. Tout y est jugé par rapport à l’achèvement de toute réalité : ici-bas nous sommes en voyage vers la patrie, et le présent est en tension vers le terme. Partir dans la solitude a pour but de tendre vers la Jérusalem d’en haut, pour s’élever vers le ciel. La vie commune menée dans la solitude manifeste le programme de vie auquel nous invite l’Ascension : d’un seul cœur, être tournés vers les réalités célestes.
La vie cachée creuse le désir de la béatitude, le désir de Dieu. Elle ouvre l’intelligence à la contemplation du Mystère du salut ; elle devient communion à l’amour du Père qui a donné son Fils pour le salut du monde. Le bonheur qui est le Christ, est source de communion.
Choisir un type de vie qui comporte une clôture, entraîne un certain nombre de ruptures par rapport à la vie antérieure. C’est comme un signe visible de l’absolu de Dieu. La clôture réalise un retrait du monde pour créer un espace de silence et de solitude qui permet de suivre Jésus se retirant au désert pour prier son Père. Le cri de Dominique retentit avec force dans le cœur des moniales : « Que vont devenir les pécheurs ? »

26 mai

 



 

Prier le Rosaire avec des fils et des filles de saint Dominique


Mystères glorieux

La Résurrection
Tôt le matin, le premier jour de la semaine, les femmes viennent au tombeau après le lever du soleil (Mc 16,2).

La résurrection fut, par faveur spéciale, annoncée d'abord à la Vierge Marie. Que le Christ ait apparu à sa Mère d'abord, trois raisons le prouvent. D'abord le précepte divin: dans la passion de son Fils, elle avait été torturée plus que tous; à cause du mérite de sa foi; enfin à cause de l'intensité de son amour (Saint Vincent Ferrier, Sermon pour le jour de Pâques).

Accorde-nous, Seigneur, de trouver notre joie dans ta résurrection, de puiser notre bonheur dans ta victoire pascale.

L’Ascension
Jésus fut élevé au ciel et une nuée l'a soustrait aux yeux de ses apôtres (Ac 1,9).

Un pont s’est élevé jusqu’au ciel le jour de l’Ascension, sans quitter cependant la terre. Lorsque mon Fils retourna vers moi, quarante jours après sa résurrection, le pont s’éleva de la terre, c’est-à-dire de la société des hommes. Il monta jusqu’au ciel par la vertu de ma nature divine et se fixa à ma droite, ainsi que l’ange le dit aux disciples le jour de l’Ascension (Catherine de Sienne, Traité de la discrétion, 29).

Seigneur Jésus, toi qui intercèdes sans cesse pour nous, affermis notre foi, soutiens notre témoignage.

La Pentecôte
Jésus dit à ses apôtres: «Restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut » (Lc 24,48).

Lorsque le Saint-Esprit fut venu, il éclaira les disciples des lumières de la vérité, et ils virent le secret de l'ineffable charité du Verbe, avec la volonté du Père qui ne voulait autre chose que notre sanctification (Catherine de Sienne, Lettre 130,6).

Envoie sur nous l'Esprit du Père, qu'il nous rassemble dans l'unité.

L’Assomption
Toutes les générations me diront bienheureuses parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses (Lc 1,26).

Qui dira les transports de joie de Marie, en voyant son Fils, l'objet de ses vœux et de ses désirs les plus chers, non plus entre les bras de l'humble Vierge sa mère, mais dans le sein de Dieu le Père tout-Puissant (Louis de Grenade, Sermon I pour l'Assomption).

Accorde à tous les hommes, Seigneur, de partager un jour la gloire que tu as donnée à ta mère.

Le Couronnement de Marie
L'ange dit à Marie: «Réjouis-toi, comblée de grâces, le Seigneur est avec toi» (Lc 1,28).

Cette parole est la parole la plus parfaite qui puisse être adressée à Marie. C'est donc avec justice que l'ange révère la bienheureuse Vierge, parce qu'elle est la mère de Notre-Seigneur, et qu'ainsi elle est notre souveraine. Donc ce nom de Marie qui, en langue syriaque, signifie maîtresse, lui convient (Saint Thomas d'Aquin, Commentaire de la salutation angélique).

Accorde à tous les défunts la joie sans fin dans ton Royaume sous le manteau de la Vierge Marie.

24 mai




7ème dimanche de Pâques

« Père, glorifie ton Fils »
(Jn 17, 1b-11a)



22 mai

La face cachée de la vie des moniales (suite)

La prière, un cri vers Dieu

La prière nous ramène de la dispersion des pensées à l’attention à Dieu. Il n’y a pas besoin de longues prières. Des prières courtes et répétées sont plus efficaces, pour maintenir l’attention tendue vers le but. La prière nous garde, tout au long de la route, dans l’attitude de celui qui sait que tout est don.
Lorsque nous sommes descendus au fond de notre misère, un cri du cœur jaillit vers Dieu, un appel au secours, semblable à ceux que l’on trouve dans les psaumes : « Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur ; écoute mon appel. » Ce que nous avons fui, devient la perle précieuse. Ce qui était source de honte devient source d’action de grâces, le lieu où Dieu vient habiter. Placés face à nous-mêmes, nous crions vers Dieu qui, seul, peut nous sauver. Le cœur, piqué par l’épine de la souffrance, se remplit de componction : des larmes jaillissent. Crier vers Dieu nous place dans une situation de mendiant à son égard et lui-même répondra. C’est face à Dieu que nous découvrons la profondeur de notre cœur ; en lui ouvrant notre être. Cela n’a rien à voir avec la culpabilisation qui nous place au niveau de nos actes : nous sommes dépités de voir qu’ils n’ont pas correspondu à nos désirs.
La souffrance de découvrir notre impuissance devant Dieu, quant à elle, apaise ; car alors dans le creux de notre être, se noue une relation de confiance avec le Dieu dont nous sommes dépendants.
Une fois cette relation rétablie, commence la vraie prière. Le regard de compassion de Dieu peut enfin rejoindre le fond de notre détresse, lorsque nous renonçons à nous suffire. L’orientation du cœur vers Dieu est retrouvée. Nous prenons l’habitude de crier vers lui en toute circonstance ; nous lui abandonnons tous nos projets, la conduite de toute notre vie.
Mais cette expérience est toujours à refaire, car mille tentations vont nous pousser à rebrousser chemin. Comment garder toujours ce dynamisme qui nous tire vers le haut ? Il est difficile de garder un continuel souvenir de Dieu. Tout, pourtant, dans notre vie, est ordonné à faire grandir cette union d’esprit et de cœur avec lui. C’est particulièrement vrai de l’eucharistie et de l’office divin, de la lecture et de la méditation des livres saints, des prières silencieuses, de l’intercession.
Y contribuent aussi le silence et le « repos », c’est-à-dire une vie où plus rien ne fait obstacle à la prière, où le cœur est libéré de tous les soucis et sollicitudes du monde.
Ce souvenir de Dieu, c’est le souvenir du Christ, la présence du Christ dans le cœur. Or, nous dit saint Paul, c’est dans l’Incarnation et la croix, que se sont le mieux manifestées les dispositions intimes du Christ. Notre vie cachée est ainsi entièrement orientée vers la recherche de la Face de Dieu.

21 mai




Ascension du Seigneur

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 16-20)

 



19 mai



 

 

 

Prier le Rosaire avec des fils et des filles de saint Dominique


Mystères douloureux

 

 

L’Agonie

Jésus se rendit au mont des oliviers, et ses disciples le suivirent. Il commença à ressentir tristesse et angoisse ( Lc 22,39. Mt 26,37).

Puisque l'huile est le symbole de la miséricorde, il semble que l'adorable rédempteur ne pouvait choisir un lieu plus propice pour commencer à faire paraître l'étendue de cet attribut divin qu'un champ ou un jardin qui s'appelât Gethsémani, nom qui signifie pressoir d'olives (P. Chardon, Méditations sur la Passion de N.S.J.C.).

Seigneur, répands à profusion la charité dans le cœur de tes enfants.

 

La Flagellation

Pilate libéra Barrabas. Ayant fait flageller Jésus, ils le livra pour qu'il soit crucifié (Mt 27,26).

La flagellation de l'Agneau sans tache a vaincu la faiblesse de notre chair; et ses opprobres, ses abaissements ont triomphé des délices et de l'orgueil du monde. Il nous a lavés dans l’abondance de son sang; et pour que nous ne craignions rien, sa main désarmée a vaincu nos ennemis et nous a rendu le libre arbitre (Catherine de Sienne, Lettre 74,4).

Accorde aux évêques et aux prêtres de te suivre sur le chemin de l'humilité et de la pauvreté.

 

Le Couronnement d’épines

Tressant une couronne avec des épines, les soldats la posèrent sur la tête de Jésus et ils l'enveloppèrent d'un manteau de pourpre (Jn 19,2).

C'est avec sa couronne d'épines que Jésus est déclaré le roi des âmes; c'est avec ce diadème cruel et humiliant qu'il avance, qu'il combat, qu'il se rend victorieux et qu'il règne. Ô bienheureuses blessures! vous m'avez ouvert les portes de la divinité (P. Chardon, Méditations sur la Passion de N.S.J.C.).

Renouvelle, Seigneur, ton alliance avec les hommes; deviens le Roi de tous les cœurs.

 

Le Portement de croix

Jésus, portant lui-même sa croix, sortit vers le lieu dit du Crâne (Jn 19,17).

Le prophète dit que Jésus porte sur ses épaules le sceptre de sa souveraineté. Hélas! quel sceptre! et de quelle monarchie! Dieu a mis sur lui les iniquités de son peuple pour qu'il les expie sur ce gibet (P. Chardon, Méditations sur la Passion de N.S.J.C.).

Accorde-nous, Seigneur de vivre dans l'obéissance et la patience pour avoir part à ton Royaume.

 

Le Crucifiement et la mort de Jésus

Sachant que tout a déjà été accompli, pour que l'Ecriture soit accomplie, Jésus dit: «J'ai soif.» (Jn 19,28).

Dans l'arbre fertile de la très sainte et très douce Croix se trouve l'Agneau immolé pour notre salut, avec tant d'amour, qu'il semble ne pouvoir se rassasier. Il crie encore qu'il a soif, comme s'il disait: Mon ardeur, ma soif, mon désir de votre salut sont plus grands que je ne puis vous le montrer par ma passion, qui n'est pas infinie (Catherine de Sienne, Lettre 1).

Donne-nous soif, Seigneur, de ta vie; rends-nous saints et immaculés dans la charité.

17 mai




6ème dimanche de Pâques

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21)

 


 

14 mai

La face cachée de la vie des moniales (suite)

La tentation

La tentation est une sollicitation extérieure à nous-mêmes qui nous indique le chemin du mal, pour nous y fourvoyer. Elle nous conduit donc au péché, si nous y succombons ; elle est source d’une croissance dans l’amour, si nous lui résistons.
La tentation peut avoir trois causes : le monde, la convoitise, le diable.
Le « monde » prend des formes très diverses. Ce peut être la pression de l’opinion publique, des slogans qui rentrent même dans un monastère. Pour résister aux tentations du monde, il est nécessaire de commencer par acquérir une grande liberté par rapport au regard des autres, dans la vie de tous les jours. La conscience devient ainsi autonome.
La convoitise, autre source de tentation, est en nous : « Chacun est éprouvé par sa propre convoitise qui l’attire et le leurre. Puis la convoitise, ayant conçu, donne naissance au péché, et le péché, parvenu à son terme, enfante la mort » (Jc 1,14-15).
La convoitise nous incite à pécher en préférant une satisfaction immédiate à l’amour de Dieu et du prochain. Elle prend le plus souvent la forme d’une pensée mauvaise qui susurre à notre oreille : « Si tu faisais cela ? Vois comme c’est bon, comme c’est beau ! » Sur le moment, la pensée mauvaise est attrayante : c’est l’ange de ténèbre qui se transforme en ange de lumière ! Si nous écoutons la convoitise avec une oreille complaisante, elle commence à nous enchaîner. Il n’y a plus qu’un pas à faire pour consentir à sa proposition et pécher. Lorsque cela se répète, des habitudes mauvaises se mettent en place, les vices que nous avons rencontrés.
Dans un monde qui se déchristianise, le diable réapparaît à visage découvert, si l’on peut dire. Il est la troisième source de tentation. Pendant des siècles, le christianisme a imprégné la culture, l’inconscient collectif, les valeurs sociales de l’Occident. Mais depuis quelques décades, on constate un goût pour le religieux, accompagné d’une recrudescence de formes de magie et de sorcellerie de toute sorte. Des milieux fort divers sont touchés, y compris des monastères, même si c’est assez rare. Comme le disait Benoît XVI : « Parmi les causes de la diffusion de la magie, il faut en effet compter un grave manque d’évangélisation qui ne permet pas aux fidèles d’assumer une attitude critique devant des propositions qui ne représentent qu’un succédané du sens religieux véritable et une triste mystification du contenu authentique de la foi. »

12 mai



 

 

Prier le Rosaire avec des fils et des filles de saint Dominique


Mystères lumineux

Le Baptême

Jésus vint de la Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui (Mt 3,13).

Seigneur, pour nous apprendre avant tout la vertu d'humilité qui est le fondement et la racine de toutes les autres, vous vous êtes transporté, agneau innocent, vers votre serviteur Jean Baptiste qui donnait le baptême de la pénitence, et vous avez demandé à être baptisé par lui, comme si vous étiez vous-même un pécheur, et cependant jamais la moindre tache n'avait terni la beauté de votre âme (Tauler, Sermon).

Donne-nous, Seigneur un esprit d'humilité, dans le service de nos frères.

 

Les noces de Cana

Jésus dit à sa mère: «Qu'y a-t-il entre toi et moi?» (Jn 2,4).

C'est comme si Jésus disait: ce qui en moi fait des miracles, je ne l'ai pas reçu de toi; mais ce que je souffre, c'est-à-dire ce que me rend capable de souffrir, la nature humaine, je l'ai reçue de toi; c'est pourquoi je te reconnaîtrai lorsque cette faiblesse sera suspendue à la croix. Quand arrivera l'Heure de ma passion, alors je te reconnaîtrai pour ma mère (Thomas d'Aquin, Sur l'évangile de saint Jean).

Soutiens tous ceux qui sont en butte à la tribulation; donne-leur la même foi et le même courage qu'à ta Mère.

 

L’Annonce du Royaume

Jésus proclamait en Galilée l'Evangile de Dieu et disait: «Le temps a été accompli et le Royaume de Dieu s'est approché» (Mc 1,14-15).

Vous avez laissé éclater la splendeur de votre sagesse et de votre céleste doctrine pour éclairer, dans la foi, tous les hommes. A tous vous avez annoncé le Royaume de Dieu, confirmant votre parole par des miracles et des prodiges (Tauler, Sur la vie et la Passion de Jésus-Christ).

Nous te prions pour les ministres de ton Eglise. Qu'ils soient dans le monde des serviteurs de l'Evangile.

 

La Transfiguration

Jésus prend auprès de lui Pierre, Jacques et Jean. Il fut transfiguré devant eux… Ses vêtements devinrent brillants comme la lumière (Mt 17, 1-2).

Notre Seigneur fit voir aux apôtres le brillant manteau de la victoire, pour qu'ils reprennent un nouveau courage pour le travail du combat. Comme la chair nous détourne de porter la croix du Christ, il était bien raisonnable, pour la réveiller et l'exciter, de lui faire voir la grandeur de cette gloire (Louis de Grenade, Le Mémorial de la vie chrétienne).

Fais grandir dans le cœur des chrétiens, le désir de te contempler un jour face à face.

 

L’Eucharistie

Jésus prit du pain; l'ayant béni, il le rompit, le donna à ses disciples, et dit: «Ceci est mon corps» (Mt 26;26).

Voulant d'un côté montrer son amour pour l'homme jusqu'à mourir en sa place afin de le sauver, et ne pouvant de l'autre se résoudre à quitter l'homme, la sagesse trouve un secret admirable pour mourir et pour vivre tout à la fois, et demeure avec l'homme jusqu'à la fin des siècles: c'est l'invention amoureuse de l'eucharistie (Louis Marie Grignon de Montfort, La divine sagesse).

Comble ton Eglise de tes bienfaits, Seigneur, lorsqu'elle offre le festin eucharistique en mémoire de toi.

11 mai





5ème dimanche de Pâques

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 1-12)

 


 


8 mai

La face cachée de la vie des moniales (suite)

L'épreuve

Certaines embûches, présentes sur notre parcours spirituel, l’étaient déjà sur le chemin du Peuple d’Israël et se retrouvent tout au long de la Bible ; ce sont l’épreuve et la tentation. Nous avons déjà rencontré les épreuves, mais il est temps de dire plus précisément ce qu’elles sont.
Il existe inévitablement des difficultés sur notre route : un projet anéanti, la maladie, l’échec, etc. Personne ne peut les éviter et, dans un premier temps, nous avons l’impression qu’une catastrophe est arrivée. Mais tout cela peut se muer en ce que les auteurs spirituels appellent, à la suite de l’Ecriture, des « épreuves ». Les difficultés prennent alors une valeur spirituelle. C’est ce que le Seigneur a expliqué à son peuple dans le désert : « Souviens-toi de tout le chemin que le Seigneur ton Dieu t’a fait faire pendant quarante ans dans le désert, afin de t’humilier, de t’éprouver et de connaître le fond de ton cœur » (Dt 8,2).
Dans une situation sans issue, lorsque toute solution semble impossible, nous sommes tentés de prendre la fuite, de nous décourager, ou de chercher une solution en dehors de nous. La question de Job peut monter du cœur : « Dieu m’a-t-il abandonné ? » Le Seigneur est là pourtant, mais il faut accepter de descendre sans peur au fond de la souffrance qui nous frappe de plein fouet, pour l’y découvrir.
Un chemin s’ouvre alors devant nous, celui-là justement où nous n’aurions pas voulu marcher. C’est un chemin de liberté, un chemin de force, un chemin de douceur, car nous n’y marchons pas seuls. Gouffre sans fond au premier abord, la difficulté se mue ainsi en épreuve : mise à l’épreuve de notre confiance en Dieu, et preuve de notre amour pour lui.
La souffrance ressentie est regardée comme un don de Dieu. C’est une invitation à nous plonger en lui. Elle fortifie, car tout ce qui est pénible devient un lieu où Dieu élargit notre cœur à la dimension du sien. Elle est l’occasion d’une pâque, d’un passage, d’une résurrection, d’où la confiance et l’espérance sortent fortifiées.
L’épreuve peut se comparer à un pressoir : les grains de raisins y sont broyés, malaxés, défigurés, mais c’est la condition pour qu’advienne le vin. Elle est encore semblable au feu dans lequel l’or est purifié de ses scories.
L’épreuve développe en nous la confiance, la patience ; elle nous rend forts. La peur qui paralyse ou bloque, se dénoue. Des ressources insoupçonnées sont libérées. A moins que nous ayons peur du saut dans le vide et que nous préférions rester tranquillement sur la berge.

5 mai



 

 

Prier le Rosaire avec des fils et des filles de saint Dominique


Mystères joyeux

 

L’Annonciation
L’Esprit saint viendra sur toi et la puissance de Très Haut te couvrira de son ombre; c'est pourquoi cela qui sera engendra sera appelé saint, Fils de Dieu (Lc 1,35).

Si je regarde en toi, Marie, je vois que la main de l'Esprit Saint a imprimé en toi la Trinité: formant le Verbe incarné, le Fils unique de Dieu, il y a imprimé la sagesse du Père c'est-à-dire le Verbe même; il y a imprimé la Puissance qui, seule, pouvait réaliser ce grand mystère; il y a imprimé enfin sa clémence d'Esprit Saint, car c'est uniquement par grâce, par miséricorde divine, que fut ordonné et accompli un tel mystère (Catherine de Sienne, Oraison XI).

Demandons au Seigneur que nos cœurs soient renouvelés dans ce même Esprit.

La Visitation
Marie se rendit en hâte vers la région montagneuse, vers une ville de Juda. Elle pénétra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth (Lc 1,39).

Dieu a le plus vif désir de notre salut et de sa gloire; par conséquent il ne faut pas nous étonner que Marie, poussée par le divin enfant qu'elle portait dans son sein, se soit mise en chemin avec une si grande hâte, afin que le fils d'Elisabeth soit sanctifié, purifié du péché originel et rempli du Saint-Esprit (Louis de Grenade, Sermon 1 pour la fête de la Visitation de la sainte Vierge).

Accorde, par l'intercession de ta Mère, la consolation aux affligés, le pardon aux pécheurs et, à tous, la paix et le salut.

La Nativité
Marie enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes, et le coucha dans une mangeoire (Lc 2,7).

«Marie a été bien plus heureuse de ce que Dieu est né spirituellement en son âme que du fait qu'il est né d'elle selon la chair.» Celui donc qui veut voir cette naissance noble et spirituelle s'accomplir en son âme comme dans l'âme de Marie, doit considérer quelles étaient les dispositions particulières de Marie, elle qui fut mère de Dieu, mère à la fois spirituelle et corporelle (Tauler, S. 1,7).

Donne, Seigneur, à toutes les mères de famille, d'être des artisans de sainteté et de charité dans leur foyer.

La Présentation de Jésus
Les parents de Jésus montèrent avec lui à Jérusalem pour le présenter dans le Temple (Lc 2,22).

Notre Seigneur s'est offert pour nous à son Père céleste dans le Temple. Il n'avait pourtant nul besoin d'être sanctifié comme les autres enfants nouvellement venus au monde. N'était-ce pas lui qui donnait leur sainteté à tous les temples, à tous les lieux, aux temps et aux jours de fête? (Tauler, Sermon).

Apprends-nous à nous offrir au Père, en sacrifice de louange à la gloire de son Nom.

Le Recouvrement de Jésus au Temple
A la vue de Jésus, ses parents furent saisis d'émotion et sa mère lui dit: «Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés» (Lc 2,48).

La tendresse et la bonté de Dieu envers les hommes se montrent en ce qu'il a permis, pour nous assurer une consolatrice, qu'un glaive de douleur déchirât le cœur de son épouse bien-aimée (Louis de Grenade, Supplément au Mémorial de la vie chrétienne).

Par l'intercession de ta Mère, accorde, Seigneur, ton soutien à tous ceux qui supportent les épreuves et les tourments à cause de toi.

3 mai



 


4ème dimanche de Pâques

Jn 10, 1-10

 



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